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Les communicants sont-ils des couteaux suisses ?

24 Oct, 2023 | ENJEUX DE COMMUNICATION

Presque tous les séminaires d’équipes communication que j’anime font émerger un sujet essentiel pour nos métiers et pourtant relativement peu travaillé : les compétences du communicant. Pourquoi cela ?

Du communicant « multi-compétences »…

Bien souvent, quand il s’agit de définir les compétences nécessaires pour bien exercer une fonction de communicant, la liste est longue. Elle comporte :
les compétences classiques (capacités d’analyse et de synthèse, écoute active, qualités rédactionnelles, etc) qui restent un socle de base,
les nouvelles compétences liées à la digitalisation de la communication (comme le community management),
les « soft skills » (comme la fameuse « posture conseil ») indispensables pour bien accompagner ses interlocuteurs.
Cette liste couvre un champ si large qu’on s’y perd parfois. Surtout si on y ajoute la faculté que doit avoir le communicant de bien appréhender les différents domaines et métiers de son entreprise et de son secteur d’activité. Par ailleurs, ces dernières années, il lui a été demandé de se familiariser avec des sujets complexes tels que la RSE, l’égalité professionnelle et la lutte contre les discriminations, la protection des données, etc. On comprend alors pourquoi le communicant est souvent présenté comme une sorte de « couteau suisse », multi-compétences, capable de faire le grand écart entre des activités très stratégiques et des tâches beaucoup plus opérationnelles.

… au communicant « multi-dimensions »

Cependant, ce foisonnement de savoir-faire ne conduit-il pas à diluer les compétences du communicant et donc la raison d’être de ce métier ? Ne faudrait-il pas identifier les compétences « essentielles », celles qui nourrissent une identité métier distinctive ? Je suis convaincue que nous gagnerions tous à renforcer ce qui fait notre spécificité métier. Nous y trouverions du sens, de la reconnaissance et surtout des arguments pour expliquer que « tout le monde communique, mais tout le monde n’est pas communicant ». Car tel est bien le paradoxe de ce métier : les communicants sont multi-compétences et, pourtant, ils sont souvent « challengés », voire concurrencés par des non-communicants de métier. Sans doute car les compétences associées à la communication ont toutes plusieurs niveaux de maîtrise (ou de non-maîtrise). Savoir écrire ne signifie pas savoir rédiger un article ou un discours. Réaliser une vidéo avec son smartphone n’est pas la même activité que celle consistant à préparer un brief pour une agence ou rédiger un script. La différence ne tient pas tant dans la production que dans son efficacité, c’est-à-dire l’adéquation entre des objectifs et des résultats.
C’est peut-être cela la compétence spécifique du communicant : la capacité de « penser » son activité, d’en analyser les enjeux, de lui fixer des objectifs et de la mettre en oeuvre dans une intention précise. Elle est intimement liée à la capacité à prendre du recul et voir loin tout à la fois, d’avoir une pensée globale et le souci du détail, d’être dans une approche « multi-dimensionnelle ». Il n’y a pas de terme pour désigner cette compétence qui combine à la fois des « hard » et des « soft » skills. Ce qui est sûr, c’est que – comme toute compétence – elle se travaille et nécessite des mises à jour régulières. Car, pour garder cette profondeur de champ, il faut apprendre sans cesse, alimenter sa réflexion, nourrir sa créativité. Et cela ne peut se faire sans une analyse de l’évolution de son environnement, des enjeux, des besoins. C’est ainsi que le communicant peut entretenir une vision globale – et non instrumentale – de son métier. Et c’est là sa compétence la plus précieuse..

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