Guillaume Aper, directeur-adjoint de la communication de JCDECAUX et administrateur de l’Association française de communication interne (Afci)
« Pour moi, l’avenir de la communication interne, c’est le communicant interne. Par sa position à l’intersection entre les salariés et les dirigeants/managers, il exerce un métier à part dans le champ de la communication. Il doit toujours se situer à la bonne distance de ces deux mondes : près des salariés pour bien les connaître, les écouter, et retraduire en haut lieu ce qui se passe en interne pour proposer les actions les plus pertinentes. Il doit aussi être proche du management pour le conseiller, pour informer, vulgariser, mettre en perspective, accompagner le changement, développer le dialogue, les coopérations. En raison de cette position particulière, sa vision de la communication est spécifique, comme l’a si bien définie Pierre Labasse, président d’honneur de l’Afci : « la communication, ce n’est pas le miroir de soi, c’est l’autre. Elle n’est donc pas d’abord une affaire d’image produite par des moyens, si sophistiqués soient-ils, mais de relation. Elle est l’art de vivre et d’agir ensemble. ». L’écoute, qui demande du temps et un savoir-être particulier sera toujours au cœur de ce métier.
« Le communicant interne ne doit plus être seulement un journaliste d’entreprise gérant des canaux d’information »
Je crois aussi que ce métier doit évoluer et il faut abandonner – en tout cas partiellement – les outils et la production de contenus (qui ont d’ailleurs commencé à être produit avec succès par les salariés eux-mêmes). Le communicant interne ne doit plus être seulement un journaliste d’entreprise gérant des canaux d’information. C’est insuffisant pour gérer les défis de nos organisations. Il doit se mettre au service des managers et des dirigeants. Il doit prendre de l’envergure, se former, se sentir à l’aise et crédible pour les conseiller car ce sont eux qui donnent le sens, qui convainquent, qui créent de l’engagement dans les équipes et qui au final font aboutir les transformations. Conseiller managers et dirigeants, c’est travailler sur le sens, plus que jamais mais c’est aussi être l’artisan de la proximité puisqu’à l’heure où la communication interne est fortement digitalisée, l’enjeu est de bâtir avec ces deux acteurs une vraie stratégie de présence interne afin de créer des rencontres régulières et authentiques. Enfin, je crois que le communicant interne va aussi devenir un animateur en intelligence collective car la communication interne sera de plus en plus co-construite et parce que nos organisations vont aussi adopter des fonctionnements de plus en plus participatifs afin, non plus d’associer les salariés à la stratégie mais qu’ils la co-construisent, chacun à leur niveau. Pour aborder ce changement de paradigme, nous devons faire évoluer nos pratiques et nous positionner à un niveau plus stratégique, ce qui est à mon sens un défi passionnant ! »
Cet article est extrait du n°1 de notre newsletter Passerelles.